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Ubisoft mise sur « Assassin’s Creed Mirage » pour se relancer

Par Yassine KHIRI / AFP

Ventes en baisse, grève inédite en début d’année, reports de jeux majeurs… L’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft, englué dans une crise aux multiples facettes, espère se relancer avec la sortie jeudi du nouvel épisode de sa saga vedette « Assassin’s Creed ».

Après plusieurs années de recul, il anticipe une « forte croissance » de ses revenus annuels, en s’appuyant également sur la sortie en décembre d’un titre adapté de l’univers des films « Avatar », initialement annoncé pour la fin 2022.

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« Depuis 4-5 ans, le groupe déçoit énormément parce qu’il a décalé une grande partie de ses lancements de jeux », résume Charles-Louis Planade, analyste chez Midcap Partners, interrogé par l’AFP.

Ubisoft avait ainsi annoncé en mai avoir basculé dans le rouge lors de son exercice annuel décalé 2022-2023, avec une perte nette annuelle de 494,2 millions d’euros.

L’éditeur de jeux affichait alors « en dessous de 20.000 » emplois contre 20.700 fin septembre 2022.

L’entreprise a toutefois promis un retour aux bénéfices pour l’exercice en cours.

M. Planade s’attend de fait désormais à des lancements plus réguliers pour l’éditeur, qui compte dans son catalogue des marques fortes comme « Les lapins crétins » ou « Just Dance ».

Ces prochains jeux « vont clairement améliorer la santé financière du groupe et (l’aider) à redevenir le Ubisoft qu’on a connu il y a quelques années », estime-t-il.

Ubisoft a adopté une démarche commerciale agressive pour « Assassin’s Creed Mirage », vendu à 50 euros, alors qu’une nouveauté affiche généralement un prix de 70 euros.

La sortie de « Mirage », dont l’intrigue se déroule au IXe siècle à Bagdad, est en effet essentielle pour tourner la page d’un cycle particulièrement houleux pour l’entreprise.

– Rebond en Bourse –
Mouvement rare dans le secteur du jeu vidéo, deux syndicats avaient par exemple lancé début 2023 un appel à la grève de toutes les entités françaises d’Ubisoft pour dénoncer les pratiques managériales de la direction, dont l’image avait déjà été grandement abimée en 2020 par des scandales de harcèlement ayant entraîné de nombreux départs de dirigeants.

Du côté de ses studios, un titre comme « Skull and Bones », initialement attendu pour 2018, fait figure d’Arlésienne, la faute à un développement chaotique.

Le groupe dirigé par Yves Guillemot peut toutefois se réjouir de l’accord signé fin août avec son rival Activision Blizzard, destiné à convaincre l’Autorité britannique de la concurrence d’ouvrir la voie au rachat de l’éditeur américain par Microsoft.

En cas de succès de la transaction, désormais en bonne voie, Ubisoft récupèrerait les droits de son catalogue pour les jeux en ligne (« cloud gaming » ou « cloud streaming »), dont les succès planétaires « Call of Duty » et « Candy Crush ».

« Si le +cloud streaming+ est un succès, nos premières simulations mettent en évidence un potentiel important de contribution aux bénéfices du groupe », explique Emmanuel Matot, analyste chez Oddo.

« Nous croyons fermement que, dans les cinq à dix prochaines années, de nombreux jeux seront diffusés en streaming et seront également produits dans le cloud » plutôt que sur un support physique, renchérit M. Guillemot, dans un entretien au Financial Times publié fin septembre. « C’est ce qui nous a poussés à aller de l’avant concernant l’accord [avec Microsoft] ».

Encore embryonnaire, ce marché, déclinaison des plateformes comme Netflix en version jeu vidéo, pourrait atteindre 8,17 milliards de dollars en 2025, selon le cabinet Newzoo, quand le marché mondial du jeu est estimé à plus de 300 milliards par le cabinet Accenture.

Cet accord a déjà permis au géant français de retrouver des couleurs en Bourse, alors que son cours a été presque divisé par trois en l’espace de deux ans.

Sa valorisation, autour de 3,9 milliards d’euros, reste faible au regard du large mouvement de consolidation qui a lieu dans le secteur mais Ubisoft s’est mis pour le moment à l’abri, en scellant l’an passé une alliance avec le groupe chinois Tencent, numéro 1 mondial du jeu vidéo, pour sécuriser le contrôle de la famille Guillemot sur l’entreprise.

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