Un reconfinement, ou un important coup de vis sanitaire, amputerait nettement la croissance de l’économie française cette année et obligerait le gouvernement à mobiliser plusieurs milliards d’euros supplémentaires chaque mois pour soutenir les entreprises et les ménages.
Impact sur l’activité
Selon plusieurs économistes interrogés par l’AFP, un confinement d’un mois, avec un niveau de restrictions globalement similaire à celui observé en novembre, amputerait le produit intérieur brut (PIB) d’environ un point, soit un peu plus de 20 milliards d’euros, sur l’année. Sachant que le couvre-feu pénalise déjà l’activité, « le premier trimestre sera certainement un trimestre de récession », avance Ludovic Subran, chef économiste de l’assureur Allianz.
Selon le ministère de l’Économie, le confinement pourrait entraîner une perte mensuelle d’activité allant de 10 à 18% par rapport au niveau d’avant la crise. En novembre, l’activité avait baissé de 12% par rapport à son niveau de fin 2019 et en avril, de plus de 30%. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a aussi reconnu mercredi qu’en cas de nouvelles mesures de restrictions, « bien entendu, nous aurons une croissance qui ne pourrait pas atteindre les 6% en 2021 », comme le prévoit pour l’instant le gouvernement.
Nouvelles dépenses et pertes de recettes
Actuellement, avec le couvre-feu à 18H00, « les aides coûtent environ 6 à 7 milliards d’euros par mois à l’État », montant auquel il faut ajouter les pertes de recettes fiscales, ce qui conduit à plus de 10 milliards d’euros, selon le député LREM et rapporteur général du budget à l’Assemblée Laurent Saint-Martin. « En confinement, si on est sur le format du mois de novembre dernier, cela va probablement coûter encore plus cher (…) ça peut approcher les 15 milliards d’euros toutes dépenses et non-ressources confondues », a-t-il affirmé sur Radio J dimanche dernier. Les trois principales mesures de soutien mises en place par le gouvernement sont le fonds de solidarité pour les entreprises, la prise en charge du chômage partiel et les exonérations de charges.
Pour le mois de novembre par exemple, le gouvernement a dépensé plus de 4 milliards d’euros au titre du fonds de solidarité, et l’addition pourrait encore monter car les entreprises ont jusqu’au 31 janvier pour en faire la demande. Le chômage partiel a concerné 3,1 millions de salariés en novembre pour un montant de 2,3 milliards d’euros, selon les chiffres de la Dares. A cela s’ajoutent de possibles aides supplémentaires pour soutenir les secteurs qui restent très touchés par la crise. Bruno Le Maire a ainsi évoqué mercredi au Sénat la possibilité de convertir certains prêts garantis par l’État en subvention, si Bruxelles donne son feu vert.
Comment l’État va financer ces aides
Le gouvernement a été « prévoyant » en 2020, a affirmé à plusieurs reprises Bruno Le Maire. De fait, sur le budget prévu pour financer les aides, 28,8 milliards d’euros n’ont pas été dépensés l’an dernier. Cette enveloppe est donc disponible pour cette année, même si environ 9 milliards sont déjà préemptés pour financer les aides attribuées au titre de 2020, mais qui n’ont pas encore été payées.
La semaine dernière, le ministre avait indiqué qu’à situation sanitaire constante, le gouvernement pouvait « tenir 3 mois et demi » sans avoir besoin de réabonder le budget 2021. Mais en cas de reconfinement, il faudra en passer par un projet de loi de finances rectificative. Il pourrait survenir « probablement à la fin du premier trimestre (…) fin mars-début avril, mais cela peut-être accéléré en fonction des besoins », selon Laurent Saint-Martin.
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