Vêtements connectés : où en est-on ?
Le « wearable computing » s’imposera t-il bientôt sur le marché du textile ?
En septembre dernier, le secteur des textiles intelligents a été reconnu en tant que levier d’innovation favorable à la reprise industrielle. François Hollande et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, ont intégré ce secteur parmi l’un des 34 domaines du « Programme d’Investissements d’Avenir ».
Les champs d’application du vêtement connecté sont multiples: du secteur sportif à la santé en passant par l’automobile, ils sont susceptibles d’utiliser ces nouveaux textiles pour monitorer ou mesurer des données physiologiques ou liées au mouvement du corps.
En France, la société lyonnaise Cityzen Sciences dirigée par Jean-Luc Errant, s’est spécialisée dans ce secteur depuis 2008. A travers son projet Smart Sensing, elle développe une fibre textile instrumentée permettant d’assurer le monitoring de l’individu. Au sein du consortium dirigé par Cityzen Sciences on retrouve Eolane, Payen, Télécom Bretagne et le groupe Cyclelab, et des experts industriels dans le domaine de l’électronique, du textile, des académiciens et des spécialistes de la distribution dans le monde du cyclisme et du running. Ils développent ensemble des briques technologiques et un process d’industrialisation de leur solution.
Quels domaines d’application ?
S’il existe déjà des couches pour bébés qui envoient des tweets lorsqu’elles doivent être changées, ou des manteaux qui gonflent au fur et à mesure du nombre de « Like » comptabilisés sur Facebook, les secteurs pour lesquels ces technologies seront probablement développés en priorité sont ceux de la santé et du sport.
Le programme Smart Sensing a déjà noué des partenariats avec des clubs sportifs tels que l’AS Saint-Etienne, le Stade Toulousain ou le club de basket L’Asvel. Les sportifs sont équipés de maillots connectés équipés de capteurs qui permettent de mesurer pléthores de données comme leur pouls ou les distances parcourues.
Que faire des données recueillies ?
Bien évidement, des millions de nouvelles données concernant les individus seront exploitables, et constitueront de nouveaux enjeux de « Big Data ». D’après Mathias Herberts, CTO et co-fondateur de Cityzen Data, « La multiplication des capteurs tant dans l’environnement que sur les individus signifie qu’une masse conséquente de données est produite. La création de valeur liée à l’exploitation de ces données nécessite de les historiser sur des périodes couvrant la saisonnalité des événements mesurés (par exemple une ré-éducation complète, ou une année dans le cas du transport, etc) et à une granularité la plus fine possible (un rythme cardiaque lissé sur 15 minutes est difficile à valoriser). Cette volumétrie fait naître plusieurs défis, d’une part il faut être capable d’ingérer toutes ces données (une mesure prise toutes les minutes représente plus de 500k mesures par an, une par seconde plus de 30 millions), mais il faut également être en mesure d’y accéder et de les manipuler dans de bonnes conditions pour pouvoir créer de la valeur. Le savoir-faire nécessaire à cette gestion de données est très différent du savoir-faire nécessaire à la création de valeur métier, les fournisseurs de services dans différents verticaux se trouvent donc contraints d’affecter des ressources sur des thématiques certes indispensables à la mise en œuvre de leurs services, mais complètement orthogonales. »
Quelle taille pour ce marché ?
Les vêtements connectés représentent un marché naissant qui doit encore s’émanciper. Selon Gérard Sylvain Innotex à Roubaix, qui accompagne des projets innovants dans le design textile affirme que « s’il y a peu de projets en France, c’est que les coûts sont lourds à supporter. Ils nécessitent beaucoup de recherche et développement. Mais la technologie existe et le marché reste porteur, il devrait largement se développer à moyen terme. »
En effet, la taille du marché du textile technique est estimée à 5,5 milliards d’euros en 2013.
Crédit photo : Roosegaarde Waddinxveen