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Voitures autonomes: Singapour en pole position en Asie du Sud-Est?

AFP

Dans un centre d’essai jalonné de faux immeubles et arrosé de fausse pluie tropicale, Singapour teste des véhicules autonomes que la cité-Etat à la pointe de la technologie veut commencer à utiliser dès 2022. Une balayeuse et une voiturette de golf sans chauffeur roulent sur les pistes avec agilité, freinant quand un piéton surgit ou pour négocier un virage serré. Avec ce centre d’essai, les autorités de Singapour encouragent le développement des véhicules autonomes, une technologie pour laquelle le pays d’Asie du Sud-Est veut être l’un des pionniers.

Mais si la ville invite les constructeurs automobiles et les startups à tester leurs projets sur son sol, Singapour veut aussi prouver que cette technologie est sûre. Le centre d’essai de deux hectares comprend des tournants difficiles, des feux rouges, une côte et un arrêt de bus pour simuler des conditions de conduite réelles. Des conteneurs sont empilés pour imiter l’effet de gratte-ciels qui peuvent bloquer les signaux satellite sur lesquels reposent les véhicules autonomes pour se diriger.

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Le centre CETRAN géré par l’Université technologie de Nanyang (NTU), a même une machine pour produire de la pluie, imitant les déluges tropicaux qui tombent régulièrement sur ce pays de 5,7 millions d’habitants. « Avant de tester (les véhicules) sur les routes, nous les essayons ici pour voir s’ils sont vraiment prêts», souligne Niels De Boer, directeur du programme.

Éviter les piétons

La balayeuse de voirie est testée dans le cadre d’un projet gouvernemental qui, s’il est validé, pourrait voir le véhicule autonome déployé dans la ville, selon les médias locaux. Des voitures et des bus sont aussi testés et des robots de livraisons le seront prochainement. Singapour cherche à attirer des sociétés technologiques pour qu’elle y essaient leurs prototypes dans la ville-Etat où la propreté et l’ordre règnent, loin des nombreuses autres mégapoles de la région embouteillées et chaotiques.

Le gouvernement voit aussi dans ces technologies des solutions prometteuses pour les transports publics et les livraisons. Les premiers essais de véhicule autonome ont eu lieu en 2015 dans le pays. Et en 2016, la société américaine nuTonomy y a lancé des essais de taxi sans chauffeur, une première. Le gouvernement singapourien aimerait déployer des véhicules autonomes pour le transport public dès 2022. En octobre il a annoncé que les tests pourraient être réalisées sur 1 000 km de de voies publiques Ces véhicules devraient surtout être utilisés comme navettes pour transporter les gens vers les stations et arrêts des modes de transports de masse, selon Subodh Mhaisalkar, professeur de l’université NTU impliqué dans le programme.

Les autorités travaillent sur l’élaboration des réglementations pour la circulation des véhicules autonomes, un chantier crucial, note Niels De Boer. Les pays où les compagnies privées mènent cet effort indépendamment risquent d’avoir « des technologies magnifiques » mais de ne pas être capables de lancer leurs véhicules sur le marché faute de régulations, souligne-t-il.

La sécurité en question

Mais il y a encore beaucoup d’obstacles à franchir pour cette industrie. La sécurité reste une préoccupation majeure. En 2018 un véhicule sans chauffeur Uber a été impliqué dans un accident qui a tué une femme en Arizona. Tous les tests à Singapour embarquent un chauffeur en cas de problème et pour l’instant la plupart des véhicules autonomes ne sont pas prêts à affronter les pluies tropicales. Pour Singapour, « devenir le leader de cette industrie sera difficile simplement par ce que ce pays est petit », tempère Guoli Chen, professeur associé de stratégie à l’école de commerce INSEAD.

Mais le principal défi sera peut-être de persuader le public d’utiliser les véhicules autonomes. Cela pourrait se faire progressivement. « C’est un processus qui pourrait prendre de 10 à 20 ans, mais je pense que c’est une évolution ineluctable », note Subodh Mhaisalkar.

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