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X (TWITTER) : les notes de contexte, arme anti-fake news ou confiscation de la parole ?

Par Jules BONNARD / AFP

Les notes de contexte sur X (ex-Twitter), outils de modération collective des contenus vanté par Elon Musk, ont rapidement déçu les spécialistes de la désinformation.

Ceux-ci observent des tentatives d’instrumentalisation alors que les politiques sont irrités par des corrections jugées abusives.

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Que sont les notes de contexte ?

Annoncée début 2021 – deux ans avant le rachat du réseau social par Elon Musk – sous le nom de Birdwatch, cette fonctionnalité devait permettre aux volontaires, aux Etats-Unis, de signaler des messages et d’y ajouter des notes de contexte, au départ uniquement lisibles sur un site séparé, puis en dessous des messages en cause.

Twitter venait alors de censurer le compte de Donald Trump pour avoir incité à la violence lors des émeutes du Capitole et cherchait un moyen de « promouvoir une conversation plus saine », selon son fondateur Jack Dorsey.

En novembre 2022, une note de contexte provoquait le retrait d’un tweet de la Maison Blanche qui exagérait l’impact de la politique de Joe Biden sur l’augmentation des pensions de retraite.

Le nouveau propriétaire du réseau social, Elon Musk, chantre d’une modération souple – voire laxiste -, s’était réjoui: « Notre but est de faire de Twitter la source d’information la plus fiable sur Terre, quelle que soit l’affiliation politique. »

L’affichage des notes a depuis été généralisé sur le réseau, dans 44 pays.

Comment fonctionnent-elles ?

Les notes sont proposées et rédigées par des utilisateurs, qui s’inscrivent au préalable, et ne sont pas éditées par les équipes de X. Elles doivent toutefois respecter la politique de modération de la plateforme.

Elles sont soumises au jugement des autres participants au programme, puis un algorithme sélectionne celles qui seront affichées publiquement.

Ce code informatique, inspiré des techniques de recommandation de contenus de Netflix, ne repose pas sur le vote majoritaire mais sur « un accord entre des contributeurs qui ont parfois été en désaccord dans leurs évaluations par le passé », précise la plateforme.

Il évolue encore: une mise à jour annoncée lundi vise à limiter le remplacement des notes après publication.

 

Est-ce efficace pour lutter contre la désinformation ?

Selon X, « les gens sont en moyenne 30% moins susceptibles d’être d’accord avec le contenu d’un message après avoir lu une note de la communauté à son sujet, et ils sont également moins susceptibles de le repartager. »

Mais, pour qu’une note soit publiée, « elle doit obtenir un consensus idéologique », a expliqué le directeur du programme MediaWise du Poynter Institute, Alex Mahadevan, lors d’une conférence en Corée du sud en juin.

« Ca aurait peut-être fonctionné il y a quatre ans. Mais ça ne marche plus car 100 personnes de gauche et 100 personnes de droite ne vont plus se mettre d’accord sur l’efficacité des vaccins », a-t-il déclaré. En cause, « l’environnement de plus en plus partisan » du réseau social, dont Musk est considéré en partie responsable.

Depuis son arrivée, le milliardaire a effectué d’importantes coupes dans les équipes de modération du réseau et l’a fait sortir du code de bonnes pratiques de l’UE sur la désinformation.

Les notes sont pour lui un moyen économique de modérer les contenus, y compris les publicités politiques qui viennent d’être ré-autorisées, et de se conformer aux nouvelles obligations visant les très grandes plateformes numériques en Europe.

Selon Alex Mahadevan, le système reste toutefois « très efficace pour identifier et ajouter du contexte à des contenus de désinformation non-politiques », comme pour repérer des images générées par IA, des publicités trompeuses ou des théories du complot déjà vérifiées.

Sont-elles biaisées ?

Même si la formule mathématique complexe de l’algorithme est censée empêcher une manipulation des notes, le système reste fragile, notamment en raison du faible nombre d’évaluateurs.

Julien Pain, présentateur de l’émission « Vrai ou Fake » sur franceinfo, observe en France des communautés « très engagées » s’emparant de l’outil « pour faire avancer leurs idées », explique-t-il à l’AFP.

Ainsi, certains groupes d’extrême droite inondent de corrections les politiques de gauche et « tentent d’annuler celles sur les politiques de droite ». « Leurs contributions ne sont pas toutes acceptées mais il y en a qui passent », constate-t-il.

« Une note est intéressante quand elle ajoute un point de contexte factuel pour nuancer un propos. Là, on dit juste que c’est faux et on tente de décrédibiliser la personne », décrypte M. Pain.

Pour le député écologiste français Julien Bayou, les notes sont devenues « un outil de joute idéologique qui ne dit pas son nom et qui, malheureusement, peut être faussé », affirme-t-il à l’AFP. Sa collègue Sandrine Rousseau, qui a vu nombre de ses posts récents affublés de notes correctives, a dénoncé une « nouvelle forme de harcèlement ».

Des élus de droite sont également concernés, comme le député Rassemblement national Thomas Ménagé qui avait déclaré que les scientifiques du Giec « avaient parfois tendance à exagérer » le réchauffement climatique, avant d’être corrigé.

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