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Xi Jinping joue l’apaisement avec les géants de la tech chinoise : virage ou illusion ?

Lorsque Pékin a brutalement interrompu l’introduction en bourse d’Ant Group en 2020, mettant ainsi un terme aux ambitions de Jack Ma, le message était clair : aucune entreprise privée, aussi puissante soit-elle, ne pouvait s’affranchir de la ligne du Parti communiste chinois.

Quatre ans plus tard, Xi Jinping orchestre un revirement symbolique en conviant les figures majeures du capitalisme chinois à un sommet officiel. Ce geste marque-t-il une véritable réhabilitation du secteur privé ou un ajustement opportuniste dicté par un contexte économique difficile ?

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Après un rebond post-Covid limité, la croissance chinoise peine à retrouver son dynamisme, avec un PIB en hausse de 5,2 % en 2023, un chiffre modeste comparé aux performances passées. L’immobilier, autrefois moteur économique, est en crise, comme en témoigne la faillite d’Evergrande et la défiance persistante des investisseurs. À cela s’ajoute une déflation qui fragilise la consommation et un climat d’incertitude pesant sur les entrepreneurs. Parallèlement, la pression extérieure ne cesse de croître, notamment sous l’effet des restrictions américaines sur les semi-conducteurs et des efforts de Washington pour contenir la montée en puissance technologique chinoise. Pékin se retrouve ainsi dans une position inconfortable, oscillant entre la nécessité de relancer l’investissement privé et sa volonté de maintenir un contrôle absolu sur les grandes entreprises de la République Populaire.

Le sommet présidé par Xi Jinping ne s’est pas limité à la présence symbolique de Jack Ma. Aux côtés du fondateur d’Alibaba se trouvaient Ren Zhengfei (Huawei), Lei Jun (Xiaomi), Wang Chuanfu (BYD) et Liang Wenfeng (DeepSeek), autant de dirigeants incarnant les ambitions chinoises dans l’intelligence artificielle, l’électronique et les véhicules électriques. Xi Jinping a tenu à rassurer ce parterre de dirigeants en soulignant que l’État continuerait à encourager l’innovation et à assouplir certaines restrictions. Il a notamment évoqué la révision de la fiscalité, la volonté d’améliorer l’accès aux financements et la nécessité de réduire les entraves réglementaires qui freinent les acteurs technologiques dans leur compétitivité.

Si ces promesses ont été saluées par les marchés, elles n’ont pas suffi à dissiper toutes les incertitudes. L’indice Hang Seng, qui avait enregistré une hausse à l’annonce du sommet, a finalement clôturé en baisse, signe que les investisseurs restent prudents quant à la concrétisation de ces engagements. Le retour de Jack Ma aux côtés de Xi Jinping, après quatre années de mise à l’écart, est un signal politique fort, mais ne saurait être interprété comme un retour à l’ère d’un capitalisme chinois débridé. L’ancien professeur d’anglais devenu magnat de la tech avait osé défier la ligne du Parti en critiquant publiquement le système financier chinois. En conséquence, Ant Group avait été contraint à une restructuration sous supervision étatique et Alibaba s’était vu imposer une amende de 984 millions de dollars. La réhabilitation de Ma ne signifie pas qu’il retrouve sa liberté d’action d’antan, mais plutôt qu’il est replacé dans un rôle compatible avec les intérêts du pouvoir.

Depuis 2020, le gouvernement chinois a mis en place une politique de surveillance accrue des géants du numérique, freinant leur expansion et redéfinissant les contours de leur autonomie. La tentative d’Alibaba de scinder son empire en plusieurs entités indépendantes a été bloquée, et les initiatives stratégiques des grandes entreprises doivent désormais s’aligner sur les priorités étatiques. Loin d’une libéralisation, Pékin cherche avant tout à maintenir un équilibre entre dynamisme économique et contrôle politique.

Si ce sommet traduit une inflexion dans le discours officiel, il ne garantit pas pour autant un véritable assouplissement. Les investisseurs internationaux attendent des gestes concrets pour évaluer si cette ouverture est durable. Pékin est-il réellement disposé à redonner de l’autonomie au secteur privé ou ce soutien est-il purement conjoncturel ?

 

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