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Zhipu AI : l’alternative chinoise à OpenAI peut-elle s’imposer malgré les sanctions américaines ?

Pékin accélère le développement de ses champions nationaux, parmi eux, Zhipu AI, fondée en 2019 par des chercheurs de l’Université Tsinghua, qui entend s’imposer comme un acteur mondial de l’IA générative. Forte du soutien de Tencent, Meituan et Xiaomi, la startup affiche l’ambition de concurrencer les géants américains.

Mais cette ascension se heurte aux sanctions imposées par Washington. En janvier 2024, le département du Commerce des États-Unis a placé Zhipu AI sur liste noire, lui interdisant l’accès aux composants stratégiques américains. Une décision qui fragilise sa capacité d’innovation et freine son développement à l’international. Pourtant, loin d’être affaiblie, l’entreprise vient de lever 64 millions d’euros en quelques semaines, pour accélérer ses capacités et consolider son positionnement et qui complètent une levée début 2024 de 128 millions d’euros. Un montant sans commune mesure avec Open AI mais qui protège la société d’une pression capitalistique qui n’est pas dans l’ADN chinois.

Car dans la guerre technologique qui oppose Pékin et Washington, Zhipu AI bénéficie d’un appui institutionnel sans précédent. L’IA est bien au cœur de la stratégie industrielle chinoise, et l’État mobilise non seulement des capitaux considérables pour propulser ses champions et surtout met en place des mécanismes d’achats obligatoires pour soutenir ses champions, un mécanisme qui pourrait bien inspirer les politiques européens en ces temps où renforcer la souveraineté nationale est un enjeu capital.

Face à OpenAI et Anthropic, Zhipu AI peut-elle s’imposer comme une alternative crédible ?

Si Zhipu AI monte en puissance, son retard face aux géants américains demeure significatif. Selon le benchmark SuperCLUE de novembre 2024, son modèle GLM-4-Plus se classe quatrième, loin derrière GPT-4o (OpenAI), Claude 3.5 Sonnet (Anthropic) et o1-preview (OpenAI).

La différence de performance est nette : les modèles américains dominent dans les tâches de raisonnement avancé, de prise de décision et d’adaptabilité contextuelle. Une faiblesse qui s’explique en grande partie par les restrictions américaines sur les semi-conducteurs avancés. Privée des puces NVIDIA A100 et H100, essentielles pour l’entraînement des IA de dernière génération, Zhipu AI doit composer avec des alternatives chinoises moins performantes.

Toutefois son modèle open source lui permet d’attirer une communauté de développeurs et la partie se joue dans la durée.

Sur le plan produit, à l’instar d’OpenAI, en parallèle d’accélérer le développement de ses modèles GLM (General Language Model), Zhipu AI diversifie son offre pour renforcer son adoption. À son chatbot ChatGLM, déjà utilisé par des millions d’utilisateurs, s’ajoutent AutoGLM, un assistant autonome capable de contrôler smartphones et navigateurs, ainsi que GLM-4-Voice, un modèle vocal avancé. La startup investit également dans l’IA multimodale avec Ying, un générateur de vidéos inspiré de Sora d’OpenAI.

En terme d’offre, la startup mène une politique tarifaire offensive. En juin 2024, elle a procédé à sa deuxième baisse de prix en un mois, réduisant de moitié le coût d’accès à GLM-4. Objectif : stimuler l’adoption et sécuriser des parts de marché face aux concurrents locaux, notamment DeepSeek et Moonshot AI. Un choix qui soulève une question cruciale : jusqu’où peut-elle aller sans compromettre sa rentabilité et sa capacité d’investissement ?

Si les Etats Unis et l’Europe ne sont pas son champ d’action, le reste du monde lui suffit.

Si son inclusion sur la liste noire américaine compromet ses perspectives hors de Chine. Zhipu AI veut devenir le premier véritable rival d’OpenAI en dehors des États-Unis et de l’Europe. Une stratégie qui doit nous rappeler que l’occident représente 1,1 milliard de personnes, sur les 8,9 milliards qui peuplent le monde…

TL;DR CE QU'IL FAUT RETENIR

🔹 Un champion chinois sous pression américaine
Zhipu AI, soutenue par Tencent, Meituan et Xiaomi, ambitionne de rivaliser avec OpenAI malgré son inclusion sur la liste noire américaine, qui limite son accès aux puces avancées et freine son développement.

🔹 Un soutien massif de Pékin
L’État chinois mobilise des financements stratégiques et impose des achats obligatoires pour favoriser ses champions technologiques, une approche qui pourrait inspirer l’Europe en matière de souveraineté numérique.

🔹 Un retard technologique persistant
Le modèle GLM-4-Plus reste derrière GPT-4o et Claude 3.5, notamment dans les tâches avancées de raisonnement, faute de composants de pointe. Zhipu AI compense en misant sur l’open source et une diversification de ses produits (chatbots, assistants, IA multimodale).

🔹 Une stratégie commerciale agressive
La startup casse les prix pour accélérer l’adoption de son IA en Chine et concurrencer DeepSeek et Moonshot AI. Mais cette politique soulève la question de la rentabilité à long terme.

Conclusion : Un rival crédible en dehors des marchés occidentaux
Privée des États-Unis et de l’Europe, Zhipu AI veut s’imposer comme l’alternative mondiale à OpenAI sur les 7,8 milliards d’habitants restants. Sa montée en puissance sera conditionnée par l’évolution des restrictions américaines et sa capacité à innover avec puces moins performantes que ses concurrents américains.

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