Zuck, Europe & VivaTech – le syndrome de Stockholm ?
Andre Loesekrug-Pietri, porte-parole de la Joint European Disruptive Initiative (J.E.D.I.)
Mardi 22 mai au soir, Marc Zuckerberg était reçu en grande pompe au Parlement européen lors d’une audition exceptionnelle. Ce moment de fierté pour les députés fut davantage l’opportunité pour eux de redorer leur image auprès des électeurs, en se délestant du flot de reproches qui visent leur inaction face au géant de la technologie depuis l’affaire Cambridge Analytica, que de proposer de véritables solutions.
Depuis plusieurs mois, de nombreuses voix s’élèvent pour critiquer la lenteur et la naïveté européenne face à la puissance des GAFA, qui mettrait à mal la souveraineté numérique des États européens. Et, s’il est vrai que les questions des députés européens étaient nettement mieux préparées que celles des Sénateurs américains il y a quelques semaines, et peut-être plus à même de déstabiliser le fondateur de Facebook, ce-dernier ne s’y est pas trompé : les GAFA sont toujours en position de force et l’Europe reste une colonie numérique des puissances américaines et chinoises. Et pourtant, ils continuent d’exercer une fascination sur nous !
Atteinte d’une sorte de syndrome de Stockholm, l’Europe vacille entre répulsion et fascination des GAFA. Les députés, premiers surpris d’apprendre que M. Zuckerberg accepte leur invitation, ont laissé le réseau social imposer leurs conditions : les questions des différents groupes politiques d’abord, les réponses en bloc à la fin, lui laissant la possibilité de les choisir. Ce qu’il a fait de manière très habile. Sur toute la séance, 2/3 du temps de parole furent consacrés aux questions des eurodéputés, laissant une vingtaine de minutes à Zuckerberg pour choisir allègrement celles auxquelles il souhaitait répondre, avant de suspendre lui-même la séance pour prendre son « vol » pour Paris.
Effectivement, il est accueilli mercredi 23 en véritable Chef d’Etat à l’Élysée, pour y rencontrer Emmanuel Macron et une partie du gouvernement français, dans le cadre d’une réunion « Tech for good », accompagné des dirigeants de Uber, IBM ou encore Microsoft. C’est bien connu, Facebook est un acteur majeur sur le respect de la vie privée, et Uber sur le futur du travail ! Quant à sa journée de jeudi, Mark Zuckerberg a prévu de la passer au salon de Vivatech, Porte de Versailles, afin de se refaire un bain de foule, après la pression intense qu’il a subi au Parlement européen. Finalement, la force de l’Europe, c’est de ne pas avoir peur du paradoxe.
Si l’Europe souffre de ce symptôme du ‘kidnappé’, c’est aussi qu’elle n’a pas d’échappatoire. Ou du moins, qu’elle peine à prendre du recul pour trouver des alternatives. Lorsque les députés demandent au jeune milliardaire s’il connaît un concurrent de Facebook, c’est plus par curiosité que par volonté de le piéger. Existe-t-il de réelles solutions alternatives en Europe, se donne-t-on les moyens nécessaires pour que ces concurrents émergent ? Se donne-t-on les moyens d’inventer le next big thing, les innovations qui vont rendre les géants d’aujourd’hui obsolètes ? En Chine, les critiques fusent contre les GAFA, mais les moyens ont été investis pour changer la donne. Poussant aux limites les accords internationaux de libre-échange, elle a protégé son marché pour laisser se développer des acteurs nationaux de la technologie, a pesé de tout son poids pour que les données des Chinois soient stockées en Chine, tout en investissant massivement dans les innovations de rupture, clé de la croissance et de notre souveraineté de demain.
Nous devons, en Europe, intellectuellement et stratégiquement, retrouver l’ambition de la rupture. L’ambition de la liberté.
Andre Loesekrug-Pietri
Porte-parole de la Joint European Disruptive Initiative (J.E.D.I.)
“The European Moonshot Factory”
Le contributeur :
Porte-parole de J.E.D.I., ancien Conseiller Spécial de la Ministre des Armées, fondateur de ACAPITAL André Loesekrug-Pietri, de nationalités françaises et allemandes, a occupé des postes à responsabilité dans le capitalinvestissement, en cabinet ministériel, dans l’industrie et comme entrepreneur.
Il est actuellement le porte-parole (pro-bono) de la Joint European Disruptive Initiative (J.E.D.I.), qui vise à ce que France et Allemagne retrouvent leur leadership sur l’innovation de rupture. Diplômé d’HEC, de la Harvard Kennedy School, il a été nommé Young Global Leader par le Forum Economique Mondial (Davos). Il est pilote privé et Colonel de la Réserve Citoyenne de l’Armée de l’Air.
Bonjour
Merci pour cet article d’une grande lucidité qui rejoint parfaitement nos préoccupations : Créer les organisations qui vont nous faire basculer dans le monde post GAFAM/BATX.
Nous défendons l’idée que malgré des signes de stabilité et d’expansion, les GAFAM se fissurent et qu’il est temps pour l’Europe de saisir sa chance… Comment ? Avant d’être technologique ou financière la rupture est d’abord culturelle. Faire émerger une nouvelle culture entrepreneuriale pour faire émerger de nouveaux écosystèmes pour défendre les valeurs Européennes et retrouver notre influence. Nous avons un programme en 3 points. Êtes-vous intéressés par un échange. Notre projet en construction s’appelle 2038.
Voici l’un de mes articles dans le monde.
Nos entrepreneurs sont culturellement dépassés
https://www.lemonde.fr/idees/article/2017/12/23/face-aux-gafa-nos-entrepreneurs-sont-culturellement-depasses_5233834_3232.html
Bien à vous
François Némo
f.nemo@ifbranding.fr
0675283830