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[3 questions à] Hélène Lejeune, CEO d’Enaco: « Notre école de commerce ouvre son premier MOOC »

Présentée comme la première école de commerce à distance, Enaco doit lancer demain son premier « MOOC », les fameux Massive Open Online Courses. L’occasion pour Frenchweb de revenir sur cette notion et l’avenir de ce secteur, notamment appuyé par le rapport « Pour un New Deal numérique » confié à Gilles Babinet, ancien président du CNN et aujourd’hui Digital Champion auprès de la Commission Européenne.

Les détails avec Hélène Lejeune, PDG du groupe Enaco.

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[FW] Que désigne précisément le terme MOOC ? Pourquoi connaissent-ils un essor grandissant aux Etats-Unis alors que leur développement reste timide en France ?

HélèneHélène Lejeune: « Les MOOC sont des Massive Open Online Courses : des cours en ligne gratuits, limités dans le temps, auxquels tout le monde peut s’inscrire. Ils réunissent des milliers de personnes qui suivent le cours de façon volontaire et autonome. Ils connaissent un véritable boom aux USA depuis 2012, où ils ont notamment été lancés par l’université Stanford.

La différence avec les cours en ligne gratuits que l’on connaissait jusqu’aujourd’hui réside dans le fait que ces MOOC sont tutorés, d’où le fait qu’ils ne restent pas éternellement disponibles : les limiter dans le temps permet aux professeurs d’encadrer efficacement les participants. Évidemment, cet encadrement n’est pas personnel lorsque plus de 2 000 participants se trouvent réunis, néanmoins le professeur reste disponible pour répondre aux questions posées sur l’interface web sur laquelle est diffusée le cours. L’autre différence vient du fait que dans ces cours, l’interaction et l’échange entre participants sont très encouragés et donc facilités, puisqu’ils sont réunis durant une durée définie.

Les Etats-Unis et la France ont une approche différente de l’éducation en ligne en général : les cours en ligne sont nettement plus développés aux USA. Par exemple Stanford, notre partenaire (qui a d’ailleurs lancé ce phénomène) propose des cours en ligne pour la formation continue dans différents domaines et débouchant sur des diplômes et certificats. Leur approche vis-à-vis du web est moins frileuse que la nôtre. Les MOOCs disposaient donc d’un terrain favorable pour se développer aux USA, c’est d’ailleurs là qu’ils sont nés et se sont développés grâce à des plateformes de diffusion comme Coursera et Udacity.

Ce retard peut également s’expliquer par le fait que les MOOCs étant un phénomène plutôt jeune, on ne dispose encore à leur égard que d’une vision à court terme. Même si l’engouement est visible, les retombées sont encore floues. De même pour le business model à leur appliquer : même les plateformes précurseurs aux USA n’ont pas encore défini le leur, même si elles avancent quelques pistes (monétisation du certificat final ou de crédits universitaires, etc).

Comme Enaco est une école de commerce dont les cours sont intégralement dispensés sur internet, nous avons su reconnaître le potentiel novateur et fédérateur des MOOC. Il était primordial pour nous de nous positionner sur ce secteur en adéquation avec notre volonté d’apporter la formation à tous. »

[FW] Y a-t-il un intérêt financier pour les grandes universités et écoles de développer des MOOCs ? Sont-ils générateurs de business ?

Hélène Lejeune: « L’intérêt réside tout d’abord dans le fait que les MOOCs sont une formidable vitrine pour les universités et écoles qui les organisent. En effet, en permettant aux gens de participer gratuitement à un de ses cours, une université peut facilement mettre en valeur la qualité de ses formations. Le bouche à oreille est un des éléments essentiels du succès des MOOCs.

Les MOOCs jouent donc également le rôle d’attraction pour les étudiants potentiels : en effet, les cours proposés ne constituent que des unités isolées, qui même si elles débouchent sur des certificats ne constituent pas un enseignement complet. Le participant au MOOC peut donc ensuite venir s’inscrire en confiance, rassuré par la qualité des cours, à l’université en question. »

[FW] Sur quel business model s’appuient les MOOCs ? 

Hélène Lejeune: « Le business model des MOOC est avant tout fondé sur le gratuit afin de remplir pleinement leur mission de démocratisation de l’enseignement supérieur. Les premières universités à s’être lancées dans l’aventure sont Stanford ou Harvard, des universités bien établies qui ne comptaient donc pas sur leurs premiers MOOC pour être des sources de revenus significatives. C’est pourquoi elles ont pu se permettre de se lancer sans business model pré-établi.

Proposer un MOOC est une aventure qui demande beaucoup de temps, et donc beaucoup d’argent: l’implication des professeurs et de l’équipe encadrante doit être totale, préparer le cours ne se fait pas en dilettante, sur ses temps de pause. C’est également un des points qui retarde le développement des MOOCs en France : la peur d’un investissement conséquent pour des retombées encore mal définies.

Maintenant que le modèle du MOOC a dépassé la phase des balbutiements aux USA, on voit apparaître différentes idées de rentabilisation du phénomène. Les propositions les plus répandues portent sur un certificat de fin de MOOC payant : les participants suivent leur cours gratuitement, mais peuvent souscrire une option leur permettant de recevoir un certificat pour une somme raisonnable et toujours moins élevée que des frais d’inscription à l’université. Dans la même veine, Udacity et edX envisagent de proposer des examens encadrés et payants.

Du côté des initiatives plus originales, Udacity et Coursera ont par exemple imaginé un système semblable aux “chasseurs de têtes” : les entreprises peuvent payer pour avoir accès à la base de données des participants aux MOOC, voir les cours auxquels ils ont participé et ainsi rentrer en contact avec les profils intéressants. Les possibilités en matière de business model restent ouvertes à discussion ! »

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