[Médias en ligne] Quand le gratuit ne paie plus, par Pierre Rigo
C’est une longue prise de conscience. Depuis l’apparition de l’information sur Internet, chacun a tâtonné dans son coin, a essayé de trouver le meilleur compromis entre ouvrir les portes et faire payer l’accès. Presque deux décennies plus tard, pour les sixièmes Assises du journalisme, qui se tenaient la semaine dernière à Poitiers, les professionnels de la presse en ligne ont fait leur mea culpa : faire du gratuit a été une erreur.
« En faisant du gratuit, on a appauvri les contenus disponibles sur nos sites. Etre le plus réactif face à l’actualité mène inévitablement à produire de l’information périssable. Ça détruit notre métier ». Philippe Laloux, digital media manager pour le quotidien belge Le Soir, est le premier à se lancer. Au deuxième jour des Assises du journalisme, il est entouré d’Olivier Clech (Le Télégramme), Pierre Haski (Rue 89), Bruno Jauffret (La Voix du Nord) et l’intitulé de l’atelier est on ne peut plus clair :« comment faire payer l’info ».
Le gratuit, c’est fini, en tout cas pour les journaux « papier » présents sur Internet : les audiences sont volatiles, les annonceurs se font la malle, les contenus sont « pauvres ». A grands renforts d’études qualitatives, des titres comme La Voix du Nord ont réalisé que leurs lecteurs réguliers s’arrêtent en priorité sur des articles à haute valeur ajoutée. C’est donc sur ce créneau que le site internet du journal travaille : une offre payante avec des articles publiés d’abord sur le site avant de partir pour les rotatives.
Pour créer des contenus originaux, les journalistes doivent avoir du temps. Le modèle du gratuit les pousse à l’inverse à générer de l’audience (mesurée par le nombre de clics) et donc de multiplier les publications, plusieurs fois par heure, pour vendre des espaces publicitaires. Du côté du payant, les articles ne sont pas de simples dépêches, et c’est comme ça que La Voix du Nord vend des contenus « impérissables » à ses lecteurs.
Ne pas formater les contenus numériques
Faire payer l’info ne signifie pas gagner de l’argent. Olivier Clech, rédacteur en chef du Télégramme croit d’ailleurs qu’il est nécessaire de développer des services à côté de la simple offre d’information : « pourquoi pas “épingler“ un article que l’on a commencé à lire sur son ordinateur, au bureau par exemple, pour le retrouver plus tard dans les transports en commun pour continuer à le lire… Il y aussi les archives ».
Du côté de Rue 89, un pure player totalement gratuit, Pierre Haski multiplie les projets annexes : des livres, des revues numériques, de la formation… qui, eux, sont payants. Tout ceci pour ne pas tomber dans le piège de la taxe Google : « Ça va nous pousser à faire tous la même chose pour être bien référencé. On va tous devoir parler des seins de Kate Middleton, de ce genre ce choses… Non ! »
L’info mobile, l’avenir ?
Dans quatre ans, il se vendra davantage de tablettes que d’ordinateurs. Alors les journaux commencent à vivement à s’intéresser à cette « information mobile ». Ils sont presque tous déjà présents avec des applications gratuites, mais ici, à l’inverse de l’Internet fixe, les médias ne croient pas à la monétisation de l’information. Une personne sort son smartphone de sa poche 40 fois par jour, en moyenne, et pas uniquement pour s’informer, même si pour le site Rue 89, les pics d’audience sont le matin et le soir, lorsque ses lecteurs sont dans les transports en commun. Du côté du Soir, les études qualitatives, qui décryptent les comportements des lecteurs, sont formelles : « Nos lecteurs regardent les résultats de sport, lisent quelques titres, c’est de l’information périssable. On ne peut faire payer ça ».
Autour de la table des Assises du journalisme, les professionnels de la presse ont pourtant le sourire. « On a pris quatre révolutions dans les gencives, sourit Pierre Haski. Facebook, Twitter, les Smartphones et maintenant les tablettes. Et on est toujours là ! » Après avoir tenté le gratuit, les journaux « traditionnels », conscients de leur échec, vont maintenant tâtonner du côté du « payant ». Et pourquoi pas trouver LA solution, le modèle économique de l’information sur Internet.
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Toujours pas les bonnes questions.
-les modes de paiement autoritaires. Un unique mode de paiement.
-les unités de contenu, articles, thèmes, auteurs
-pas services réellement spécifiques aux web, ou du bout des lèvres
-aucune remise en question sur le fond, la profession. Je pense à l’intégrité, l’indépendance aujourd’hui impossible.
C’est pas gagné.
Bonjour
l’indépendance est possible nous éditons France Net Infos , nous sommes libre de notre contenu et indépendant de toute pression et avons un réseaux de source important plutôt que reprendre des dépêches afp