Les investisseurs en manque d’un marché européen du numérique
Le capital-risque continue de reprendre des couleurs en Europe. Les entreprises européennes ont en effet levé 2,6 milliards d’euros au premier trimestre, un chiffre en hausse de 41% par rapport au trimestre précédent, et de 63% par rapport à la même période un an plus tôt, selon les données recueillies par Dow Jones VentureSource. Si les montants levés ont fortement augmenté, le rapport souligne toutefois une diminution du nombre d’opérations réalisées. Ces dernières ont chuté de 5% par rapport au trimestre précédent, et de 12% par rapport au premier trimestre 2014. « Ces chiffres confirment la tendance de long terme, qui est à la hausse, grâce à un afflux très important de liquidités et la bonne tenue des entreprises en Bourse. Cela est dû à la politique de la BCE et, éventuellement, celle de la Fed », commente Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.
Des levées de fonds records dans le secteur Internet
L’investissement sur le Vieux Continent a été marqué par de très grosses levées de fonds, notamment dans le secteur Internet, et plus précisément dans la livraison de repas à domicile. La start-up allemande Delivery Hero a par exemple réalisé le plus grand tour de table du trimestre avec 288 millions d’euros, principalement auprès de l’incubateur Rocket Internet, qui a également investi dans Foodpanda (dans le cadre d’une levée de 104 millions d’euros). La maison-mère de HelloFresh a également réuni plus de 111 millions d’euros auprès d’Insight Venture Partners et de Rocket Internet.
Autre deal d’envergure : celui de la start-up toulousaine SigFox, véritable opérateur télécom pour les objets connectés, qui a levé 100 millions d’euros en février auprès de nombreux acteurs, dont Air Liquide, Bpifrance, Elaia Partners ou même GDF Suez (récemment rebaptisé Engie). Au final, sur les cinq opérations les plus importantes du premier trimestre, quatre l’ont été dans le secteur Internet.
Mais gare aux effets d’optiques. Si certaines entreprises atteignent des valorisations records, les technologies de l’information peinent encore à attirer une part significative des capitaux. « C’est la grande différence avec les Etats-Unis. En Europe, ce sont toujours les mêmes secteurs – notamment les services financiers et les services aux consommateurs, ces derniers étant parfois recoupés avec le secteur Internet – qui restent privilégiés, avec les technologies de l’information pour parents pauvres », constate M. Dembik. Selon l’économiste, cette différence sectorielle dans la composition des investissements s’explique par la fragmentation du marché européen, qui se bat face à un marché américain unifié, tant sur le plan des projets que celui des financements.
« Un manque de projets porteurs, à dimension européenne »
C’est d’ailleurs dans ce contexte que la Commission européenne devrait présenter le 6 mai prochain ses propositions pour l’établissement d’un marché numérique européen unique (« single digital market »), et aider ainsi le secteur à peser face aux Etats-Unis. En attendant, « il n’y a pas suffisant de grands projets européens porteurs qui pourraient intéresser les investisseurs ».
Dans ce contexte, la France marque cependant des points, notamment grâce à la performance de Bpifrance qui ressort comme l’investisseur le plus actif pour les entreprises européennes, selon DowJones VentureSource, avec 14 opérations bouclées, devant High-Tech Gruenderfonds Management (12), Seventure Partners (9), Index Ventures (7) et HV Holtzbrinck Ventures Adviser (7). « Cette structure est opérationnelle et dispose déjà d’une visibilité au niveau européen. Cela peut être porteur d’espoir à moyen-long terme car la France dispose d’un véritable bras armé pour l’investissement, qu’il faudra toutefois étoffer au niveau des start-up, car Bpifrance ne dispose pas encore de l’expertise suffisante à cet égard », analyse Christopher Dembik.
L’Hexagone arrive également à la seconde place du podium en ce qui concerne le nombre de deals (21% des opérations), tout comment en termes de montants levés (34% des capiatux), juste derrière le Royaume-Uni (35%). « Au niveau européen, les marchés restent à la hausse et l’afflux de liquidités persiste. Les deux éléments clés sont donc présents pour une que le capital-risque reste à la hausse jusque début 2016 », anticipe M. Dembik.
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