Romain Serman, connecteur d’entrepreneurs
L’ex-Consul de France à San Francisco prend la tête de Bpifrance USA. Portrait.
« Il connaît tout le monde », dit-on dans son entourage. Entre deux réceptions purement « consulaires », le diplomate quarantenaire est un véritable « connecteur » dans la Silicon Valley, et n’hésite pas à partager son carnet d’adresses. Une sorte d’énarque entrepreneur qui aurait attrapé le virus d’une certaine forme de liberté, et d’une envie de changer la marche du monde, au contact des « faiseurs » de bonnes idées.
« l’Hubert Védrine du digital »
C’est lui qui organise en juillet dernier un dîner avec le puissant Marc Benioff, le patron de Salesforce, et une ribambelle de frenchy entrepreneurs, tout-sourires. L’homme joue volontiers les entremetteurs, et s’en empare comme d’une mission personnelle.
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Il sait mettre les gens en relation pour qu’ils fassent des choses incroyables ensemble. Pour moi, c’est un peu l’Hubert Védrine du digital », confie un entrepreneur et ami proche sur place.
La venue des 6 VC’s américains lors du French Tech Festival, c’est encore lui, sous l’impulsion de Jérôme Lecat (Scality), d’autres entrepreneurs et de l’équipe de la French Tech. L’opération de séduction a été montée en quelques semaines seulement. Rendez-vous est pris en octobre, avec des VC’s de première catégorie cette fois, il s’en fait un challenge.
Celui qui va désormais prendre la tête du premier bureau de Bpifrance aux Etats-Unis, a rencontré Nicolas Dufourcq – son Directeur général- en juillet dernier. Ce dernier lui a confié la mission d’aider les entreprises françaises à mettre un pied à l’international, en l’occurrence à San Francisco. Le spectre se veut le plus large possible, et trois filières seront privilégiées : l’IT, les biotechnologies et le secteur CleanTech. Deuxième mission: identifier les meilleurs partenaires pour les entreprises françaises, notamment les fonds d’investissement américains, et plus globalement les acteurs du capital risque privé, un enjeu majeur pour la Banque Publique d’investissement, qui ouvrira « sans doute un bureau à New York, à terme ».
Mais les entrepreneurs français, et surtout les VCs américains, accepteront-ils de « jouer » à côté d’un acteur publique comme la BPI ? « Son profil de diplomate va aider », rassure son entourage. La chose est entendue, pour Romain qui a posé ses valises aux USA en 2003, à New York, à l’heure où il était premier secrétaire à la mission permanente auprès des Nations unies. L’Amérique, il connaît donc bien. Et la perception de la France aussi: « Ici, il y a les francophobes, les mitigés et les vrais francophiles », avoue l’homme pressé, lui qui côtoie aussi bien le board de Twitter que les influents rédacteurs en chef de Venture Beat ou Techcrunch.
Pour les Français de la Valley, Romain Serman est perçu comme le diplomate cool et bosseur à la fois. Lui qui avait déjà oeuvré en soutenant plusieurs réseaux d’entrepreneurs, comme le French Alumni Association ( lire l’article » A San Francisco, la French mafia s’organise« ), ou encore While42, ce réseau d’entraide entre développeurs français ( voir l’interview » De San Francisco à Bucarest, les ingénieurs français s’unissent en réseau« ). Sans doute sa façon à lui d’apprivoiser le secteur IT, et d’exploiter au mieux l’aura (grandissante) des 66 000 Français qui travaillent dans les plus puissantes startups de la Silicon Valley.
Network & Rock
Romain Serman est partisan d’une Administration plus moderne. Il promeut « deux heures de cours de CRM dans les grandes écoles ». On pense à l’ENA, sa première chapelle, qui lui a inculqué un premier code, celui des institutions et d’une certaine posture républicaine. Mais il préfère nous parler de l’autre code- bien qu’il ne sache pas programmer – celui qui permettrait d’obtenir son visa en ligne et toutes sortes de services qu’il a jadis suggérés.
Entre deux rendez-vous chez Facebook et Google, l’énarque troque volontiers son costume pour de simples espadrilles. Direction le Lennon Rehearsal, un studio défraîchi qui sent bon l’ampli Marshall et le rock pur jus des années 70’s. Planqué dans une petite pièce, Romain fait ses balances de guitare en compagnie d’autres « startuppers » de la Valley. Il répètent ensemble « Un autre Monde »…
La bio de Romain Serman:
- 30 septembre 1972 : Naissance à Saint-Mandé
- 1998- 2000: ENA, promotion « Averroès », comme Fleur Pellerin
- 2003-2007: Premier Secrétaire à la mission permanente auprès des Nations unies à New York
- 2007-2009: conseiller technique à la cellule diplomatique de l’Elysée
- juillet 2010 – juillet 2014 : Consul de France à San Francisco
- 2014: Directeur Bpifrance USA
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